L’hiver commence à pointer le bout du nez, mais ce n’est pas une raison pour ne pas sortir aller voir les spectacles et expositions nombreux en ce mois de Novembre. Il y a aussi de belles découvertes musicales à faire.
Le Dimanche 4 Novembre 2018 – Jono Mc Leery aux Etoiles Paris
Né sourd, Jono McCleery n’a pu entendre qu’à partir de l’âge de 5 ans. Il a appris à jouer de la guitare dans son adolescence, perfectionnant son art dans le circuit live de Londres. Au cours de sa carrière, il a cumulé une petite armée de fans dévoués, dont les renommés Tom Robinson et Vahsti Bunyan, qui lui ont notamment permis de produire son premier album Darkest Light (2008). Ses albums suivants There Is (2011) et Pagodes (2015) l’ont fait connaitre davantage et depuis, il a collaboré avec de nombreux producteurs et de groupes dont Maceo Plex, Portico, Royce Wood Junior, Maribou State, et Technimatic. En 2018, il a sorti son quatrième album studio Seeds of a Dandelion. Sa voix est une évidence qu’il vous faut vraiment écouter lors de son unique passage parisien.
Du 8 au 10 novembre 2018 – MiRR JAZZ DAYS – La Petite Halle de la Villette, Paris 19e et FGO-Barbara, Paris 18e
D’après leur bio, les MiRR JAZZ DAYS sont un festival de musiques créatives, sensitives, équilibristes et populaires, qui prête à la rêverie et au partage. Qu’elles soient folk, expérimentales, de groove, ancrées dans la tradition, savantes, virtuoses, émotionnelles, minimales, tous ces aspects cohabitent et s’accordent. C’est sous cet angle que ce festival a choisi de les présenter, avec des artistes issus des quatre coins du monde sur trois jours.
D’abord le 8 novembre à la Petite Halle de la Villette, pour une soirée placée sous le signe du jazz et de la soul, les 9 et 10 novembre au FGO-Barbara, avec le Vendredi 9 une programmation folk, transe et expérimentale et le Samedi 10, de la musique contemporaine, électronique et du jazz contemporain.
Lors de cette nouvelle édition, je vous recommande en particulier de découvrir une des têtes d’afffiche, en la personne de KRYSTLE WARREN, en formation quartet (Krystle Warren au chant, David Neerman aux claviers, Benjamin Molinaro à la guitare basse et Jean Dijoud à la guitare). Cette artiste américaine, native de Kansas City, présentera son dernier album : « Three The Hard Way ». Enregistré en France, l’album, co-produit avec un ami de longue date, Ben Kane (D’Angelo, PJ Morton, Cece Winans). Ecouter Krystle Warren pour la première fois sur scène est une expérience saisissante. D’abord par le décalage entre sa timidité et sa frêle silhouette qui contraste complètement avec la puissance naturelle de sa voix.
« La technique vocale de Krystle Warren, comme son mélisme aussi riche que celui de Stevie Wonder ou Donnie Hathaway, qu’elle utilise dans des genres musicaux qui n’en sont pas coutumiers comme le folk et la country, des chansons visiblement inspirées aussi bien de Nick Drake que Joni Mitchell ou Willie Nelson ». (France Culture)
Sans utiliser de micro, sa voix remplit la salle de concert, retentit comme un coup de tonnerre ou au contraire se fait doux comme une voix d’enfant. Krystle Warren dispose d’une voix contralto qui passe du rugissement à la plainte en l’espace d’une chanson. Dans son nouvel album, Krystle Warren surprend en revisitant ses racines musicales, en explorant le gospel, le blues et et le folk, et en particulier l’histoire de l’émeute raciale de Tulsa en 1921 qui nous est racontée, tout particulièrement dans le titre ‘Red Clay’.
« J’ai grandi parmi des Baptistes du Sud des Etats-Unis, avec à l’église une chorale incroyable. » explique Krystle Warren. «J’ai commencé à écouter de vieux enregistrements provenant de différentes chorales gospel, et le blues. J’ai commencé à réapprendre son langage. Il fait partie de moi depuis toujours.»
Un conseil, foncez la voir la sur scène !
Lundi 12 Novembre – Safia Nolin au Point Ephémère Paris
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Safia Nolin, consacrée Révélation de l’année en 2016, puis Interprète féminine l’année suivante au Gala de l’ADISQ, vient de publier son nouvel album, intitulé « Dans le noir » (label Bonsound / Canada). Ce second opus sort trois ans après l’album « Limoilou », qui avait introduit son folk triste au grand public. Née à Québec en 1992, Safia Nolin démontre un intérêt marqué pour la musique dès son très jeune âge. A l’adolescence, désirant réaliser son rêve de devenir musicienne, Safia apparend la guitare de façon autodidacte lorsque son grand frère lui en offre une usagée. En 2012, elle crée sa première composition originale, « Igloo », inspirée du quartier de Québec où elle habite, Limoilou.
Lors de son passage à la 44ième édition du Festival International de la Chanson de Granby au Québec, Safia Nolin remporte le Prix SOCAN de la chanson primée pour cette chanson. Depuis 2013, Safia Nolin enchaîne plusieurs concerts au Québec (les FrancoFolies de Montréal, le Festival d’été de Québec, Beck Song Reader, présenté par Sofar Sounds dans le cadre de M pour Montréal). Inspirée par son environnement immédiat, la société et la nature humaine, elle écrit des textes reflétant son vécu. Ses chansons, inspirantes et authentiques nous transposent dans son univers folk acoustique. Depuis près de 3 ans, Safia Nolin vient en concert en France pour présenter ses dernières productions. Son prochain passage à Paris est très attendu pour la présentation de son nouvel opus « Dans le Noir », à découvrir sans tarder.
Mercredi 14 Novembre – Dobet Gnahoré & Melissa Bon au Café de la Danse Paris
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L’Afrique a ses voix féminines internationalement reconnues, et celle de Dobet Gnahoré l’a marquée de son empreinte. Avec «MIZIKI», l’Ivoirienne aux multiples talents fait résonner des sonorités africaines mêlées de samples électroniques, un subtil mélange qui dévoile une musique à son image, libre. Libre de faire un cinquième album où la modernité se nourrit, s’embellit, se dynamise de tradition et d’héritage. Inspirée par ses voyages au quatre coins du monde, Dobet Gnahoré partage sur cet album un nouveau pan inédit de sa personnalité.
Quatre années auront été nécessaires à la composition de l’album «MIZIKI», sans doute son album lumineux, audacieux, personnel et abouti et qui rend hommage aux deux principales causes qu’elle porte : l’Afrique riche, généreuse et unifiée et la force des femmes africaines. Porte-étendard d’une nouvelle génération africaine audacieuse et déterminée, Dobet Gnahoré célèbre dans ses paroles et sur scène la femme vaillante, bienveillante et altruiste.
En première partie, je vous recommande la jeune Mélissa Bon, qui présentera les chansons de son unique et premier EP « Away« . La voix de mezzo alto de Mélissa Bon s’épanouit sur quatre titres au format dépouillé, avec des compositions d’une douceur veloutée, au songwriting poignant et ultra-sensible, qui distille un électronica soul hybride. Elle y raconte une période sombre de son existence, semblable à un désert intérieur, qui nous fait frissonner…. Attention, talent !
Jeudi 15 Novembre – Bernhoft au Bataclan Paris
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Le chanteur norvégien Bernhoft surprend depuis ses débuts solo en 2008 avec son premier album « Ceramik City Chronicles ». Il a développé tranquillement un répertoire encensé par les fans et les critiques avec travers les albums « Solidarity Breaks » en 2011 puis « Islander » en 2014, nominé pour le Grammy 2015 du « Meilleur Album R&B » ainsi que les EP « Stop/Shutup/Shout It Out » en 2016 et « The Morning Comes » en 2017. Des chansons comme notamment, « Come Around » et « No Us, No Them » [feat. Jill Scott]. lui ont permis de se produire en Amérique et de remporter un certain succès dans les talks shows (Ellen de Generes) tout en récoltant les louanges des journaux outre-atlantique (NPR, USA Today, et bien d’autres encore).
L’artiste Jarle Bernhoft (chanteur, multi instrumentiste, compositeur et producteur nominé aux Grammy) a été rejoint récemment par le groupe The Fashion Bruises, pour commettre son quatrième album judicieusement baptisé « Humanoid », le premier en tant que Bernhoft & The Fashion Bruises.
« Nous avons tout fait en groupe, » explique Jarle Bernhoft. « Nous n’avons pas utilisé d’ordinateurs. Nous avons tout joué vraiment. Les Fashion Bruises font partie intégrante du son. Ma période solo n’est pas révolue, mais je fais quand même une pause. Le but était que ça reste une production live. »
La création de « Humanoid » s’est fait à l’ancienne, lors de nombreuses répétitions. Ils ont enregistré en deux semaines seulement au Oslo Klang, avec Bernhoft dans le fauteuil du producteur derrière la table de mixage, tandis que son enfant rampait dans le studio. Enregistré avec l’ensemble du groupe, le disque dégage une ambiance riche en émotions soutenue par un groove R&B bouillonnant et de puissants refrains pop. L’artiste a observé le paysage musical avec la ferme intention d’aller à contre-courant avant d’assembler cette œuvre brillante, lumineuse et insolente. Bernhoft insiste sur ce lien personnel avec le public dans son nouvel opus :
« La touche humaine fait toujours la différence. Les auditeurs répondent invariablement à ce lien tactile entre le musicien et la musique. Pour utiliser des termes plus modernes : le vrai ne trompe jamais… «
Le groupe a annoncé son disque avec le premier single « Buried Gold » [feat. Raelee Nikole] au tempo funky auréolé de guitares énergiques où les voix de Bernhoft s’entrelacent, s’imbriquent dans un duo hypnotique avec Raelee.
« La chanson représente le thème central du disque, » dit Bernhoft. « C’est un dialogue entre l’optimiste et le pessimiste qui se font quotidiennement la guerre en moi. Je passe de la désillusion à l’espoir, et c’est un état de fait. Je me souviens du résultat du Brexit. Peu après, il y a eu le vote pour les présidentielles américaines. J’ai eu l’impression que le monde s’effilochait. J’étais déchiré entre l’envie de me jeter dans la bataille et celle de juste dire : que le monde aille se faire voir. Ces deux points de vue se sont entrechoqués. Raelee est éblouissante sur ce titre. »
Bernhoft et son groupe feront une seule date à Paris dans leur tournée mondiale. Ce sera la seule possibilité de découvrir son énergie acoustique, ses boucles chaleureuses, sa sensibilité solaire pour vous réchauffez au son de sa voix impressionnante et gorgée de Soul et de groove.
Mardi 20 Novembre – Halo Maud à la Maroquinerie Paris
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Remarquée aux côtés de Moodoïd et de Melody’s Echo Chamber, Maud Nadal vole de ses propres ailes depuis la chanson « À la fin », publiée sur une compilation du label La Souterraine en 2015. Si la nature auvergnate a laissé des traces dans son imaginaire, c’est d’abord son obsession pour le temps qui passe, « jamais à la bonne vitesse », une certaine idée de la solitude, et son goût prononcé pour les mélodies en apesanteur, qui guident son écriture.
Elle a publié son premier album solo « Je Suis Une Île » (Heavenly Recordings/PIAS et Michel Records.), co-réalisé avec Robin Leduc. Il a été conçu comme une sorte de laboratoire où Halo Maud revendique le fait d’être en constante recherche, d’un son, de sa voix, et du sens d’à peu près tout. Elle ne choisit pas entre français et anglais, entre format chanson et transe épique, entre voix réverbérée et respirations très proches. Halo Maud tente de concilier harmonies alambiquées et spontanéité, en assemblant et en redécoupant des guitares ondulantes, des percussions et des vagues de claviers, sur laquelle sa voix se pose et se permet des envolées vertigineuses. Elle a été sélectionnée dans le dispositif FAIR 2019. Pour sa première grande scène parisienne, j’espère que vous serez séduit par son univers vocal et musical inspirée de PJ Harvey.
Et bien sûr en ce mois de Novembre, de nombreux festivals sont encore bien présents dans la capitale et sa région. A ne pas manquer, des festivals dont j’ai déjà parlé sur Pirouettes Sonores, comme « Blues sur Seine » du 9 au 24 novembre (à lire ICI), ainsi que le « PitchFork Festival » du 31 octobre au 3 Novembre (programme à découvrir LA). Et enfin, si vous voulez faire de vraies découvertes musicales, à la fois francophone, mais d’origine outre-atlantique, nos cousins québecois sont à l’affiche du merveilleux festival Aurores Montréal qui revient du 3 au 9 décembre prochain pour une sixième édition.
Devant le succès grandissant des groupes de musiques actuelles québécoises à Paris depuis 10 ans, l’association Kalima Productions s’est lancée dans le projet d’organiser le premier festival de Musiques Actuelles Québécoises et Canadiennes à Paris intitulé “Aurores Montréal” (dont la première édition a eu lieu en Mai 2013). L’objet du festival est d’offrir au public parisien plusieurs soirées de concerts regroupant à la fois des découvertes et des artistes canadiens déjà populaires en France (Ariane Moffatt, Salomé Leclerc, Louis Jean Cormier, Bernard Adamus parmi d’autres) mais également des rencontres professionnelles. Les premiers noms de cette nouvelle édition sont d’ores et déjà annoncés :
Parmi cette programmation ambitieuse et de qualité, je recommande en particulier de voir sur scène les artistes suivants :

Daran (c) Frédéric Petit photographies
S’il est un artiste qui dénote incontestablement dans le paysage pop-rock français, il s’agit bien de Daran, reconnaissable entre tous. La qualité de sa voix, de ses guitares, de son propos et de son style signent la patte Daran. Sans cesse à l’affût de perfectionnement, en recherche musicale perpétuelle, les yeux grands ouverts sur ce qui l’entoure, il surprend à chaque fois tout en conservant ce qui nous fait l’aimer : l’amour du travail bien fait, l’humanité, en un mot : les tripes.
« Je suis incapable de faire le même disque deux fois de suite. Chaque album est un instantané de ce que je vis ou de ce que je vois.»
Sa discographie traduit son évolution : « J’évite le soleil », son premier opus, paru en 1992, et concocté dans son home-studio le posait déjà comme un artiste d’une impressionnante maturité. Avec « Endorphine », son dixième album, Daran nous ramène dans la plus pure tradition du pop-rock auquel il nous avait habitué par le passé. Dans cette ode à la liberté et à l’anticonformisme on retrouve la poésie incisive d’un Daran puissant et direct. (extrait de la bio sur le site officiel de Daran)
Sans oublier le chanteur Moran, admirateur de Léo Ferré et de Bob Dylan, qui se livre avec une authenticité rare et désarmante au travers de compositions folk-blues aux cordes lancinantes, avec sa voix chaude, ses mots rugueux tout comme sa musique qui se mettent à nu pour toucher à l’essentiel. A découvrir absolument !
et Sarah Toussaint-Léveillé, artiste multi-disciplinaire québécoise, auteure-compositrice-interprète, qui s’intéresse également à l’écriture cinématographique et à la réalisation. Sur scène en formule quatuor, minimaliste et envoûtante, avec un contrebassiste, une violoncelliste et une violoniste, elle s’accompagne à la guitare tantôt acoustique, tantôt électrique. Vous serez surpris par ses prestations contrastées entre ses interventions spontanées et rieuses et la mélancolie de ses textes.
Autre tête d’affiche à découvrir, Elisapie, ambassadrice de la culture Inuit, représente la beauté du Grand Nord, un peu sauvage, un peu brute. Son nouvel album, « The Ballad of the Runaway Girl » est le conte musical d’une inuk expatriée. Aujourd’hui, comme un retour aux sources, elle pose un regard plein de tendresse sur son peuple, renoue avec ses origines et offre un folk habité, racontant son histoire et faisant découvrir quelques classiques de la culture musicale autochtone. Dans ce nouveau projet où elle mélange l’inuktitut, l’anglais et le français, elle fera découvrir le personnage derrière la musique de son nouvel album pendant 3 soirs au festival, le mardi 4 décembre en formule live full band à La Bellevilloise et les jeudi 6 & vendredi 7 décembre au Centre Culturel Canadien pour un triple projet concert/projection/échange autour de son village d’enfance, Salluit. Comme un avant-goût, vous pouvez déjà écouter « Arnaq », son nouveau clip, tourné à justement Salluit dans le grand Nord du Québec au Nunavik.
A ne louper sous aucun prétexte non plus, le duo féminin de Milk & Bone (deux voix enveloppantes, des sonorités électronique et mélancolique qui ne saurait vous laisser indifférent) et Mark Bérubé (Canadien-Suisse) et Kristina Koropecki (Canadienne) qui ont créé « Chamber-Folk » né de leur complicité musicale, se transforme avec un nouveau nom de groupe « KLIFFS » qui officialise leur partenariat musical par leur premier album « Temporary Cures » (Two Gentlemen Records en Europe) qui va emmener leur public vers un monde riche en émotions et sonorités. Laisser vous porter dans leur univers audacieux !